Dessine-moi une cuisine : Olivier Wolecki, architecte d'intérieur

Publié le 16/07/2015
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S’il avoue ne pas aimer qu’on lui impose des règles, l’architecte d’intérieur Olivier Wolecki sait s’y prendre quand il s’agit de réaliser une cuisine dans les règles de l’art. Non pas une simple pièce d’apparat, mais un espace de vie, fonctionnel et intime.

Sa vocation d’architecte d’intérieur, Olivier Wolecki l’a découverte par hasard, à force de repenser ses propres appartements. « À vingt ans à peine, j’ai acheté mon premier studio : 18 m2, et un vrai champ de ruines ! J’ai passé trois mois à tout casser et tout reconstruire. Puis, une fois terminé, je n’avais plus envie d’y vivre. J’ai alors compris que j’aimais avant tout offrir une seconde chance à un lieu, lui redonner une âme en somme ! Surtout, je me suis rendu compte que je savais le faire. » Ni une, ni deux, Olivier plaque ses études de droit et d’anglais : c’est décidé, il sera architecte d’intérieur.

Vingt ans (et de nombreux chantiers) plus tard, il nous accueille dans son appartement situé à deux pas du Palais-Royal. Il a bien fait d’abandonner le barreau pour le crayon. Son palais à lui mesure 60 m2, et c’est un savant mélange de bois sombre, de tissu soyeux, d’agencements précis et précieux… Et l’on sent tout de suite que sa cuisine a été pensée par quelqu’un qui aime soigner ses hôtes.

Pourquoi la cuisine est-elle une pièce si importante pour vous ?

Olivier Wolecki – « Parce que c’est un espace de confidence, où l’on passe de bons moments, que ce soit en préparant ou en savourant un repas avec les gens qu’on aime. J’aime aussi y travailler, y prendre du temps pour moi. C’est une pièce qui est aussi importante que le salon.

Qu’est-ce qui rend une cuisine unique ?

O. W. – C’est le fait de la dessiner, puis de la réaliser sur mesure. Ensuite, qu’elle soit ouverte ou fermée, elle doit reprendre les codes, les matières et les couleurs des autres pièces de vie. Il n’y a aucune raison qu’elle soit en rupture. C’est pourquoi j’apprécie d’avoir à ma disposition toute une palette de façades, de matières et d’accessoires pour concevoir une cuisine qui s’inscrive parfaitement dans un tout.

Quels sont les détails qui la rendent conviviale ?

O. W. – Par convivial, j’entends pratique et esthétique à la fois. Car, pour être accueillante, une cuisine doit rendre des services et le faire avec élégance, mais sans prétention. C’est donc une parfaite exploitation de l’espace, une circulation logique (notamment entre les zones de lavage, de cuisson et de froid) et un savant jeu d’accessoires et de détails.

Le secret d’une cuisine réussie, ce sont les détails : un plan de travail à côté du frigo pour poser les courses, un four à la bonne hauteur, des angles optimisés pour ne pas perdre un centimètre carré… Et ne jamais chercher la vaine extravagance, mais avant tout se renouveler en permanence.

Quelles sont les attentes de vos clients pour leur cuisine ?

O. W. – Mes clients viennent me voir avec des critères précis en tête. Le premier, c’est le prix, puis viennent la marque, la qualité, la fonctionnalité et, seulement en dernier, l’esthétique. Il y a un besoin de nouveauté et de pérennité, dans tous les sens du terme : robustesse des matériaux et intemporalité du style. C’est pourquoi je commence toujours par leur demander comment ils vivent. Cela m’aide à trouver le fil conducteur de la cuisine que nous allons imaginer ensemble. Quand c’est possible, je préconise une cuisine en « U », riche en aménagements, conviviale : on peut y évoluer à plusieurs sans se gêner.

Une tendance pour 2015 ?

O. W. – Sans doute la fin de la cuisine 100 % ouverte, à laquelle de plus en plus de clients préfèrent la semi-ouverte. Protégée par une élégante verrière, elle offre plus d’intimité et garde ses petits secrets (odeurs de cuisson, ustensiles qui traînent, etc.) pour elle. L’autre tendance de fond, c’est l’intégration d’un espace dînatoire, preuve que l’on aime y recevoir et y passer du temps, en famille ou entre amis. Côté matières, c’est le grand retour du bois, que ce soit les essences claires (hêtre, chêne, érable) ou plus sombres et expressives comme le wengé, le zébrano ou le palissandre. On réveille les premiers en optant pour une finition bois scié, une crédence colorée et un plan de travail en pierre, et on éclaire les seconds avec du gris pâle et de jolies poignées de porte contemporaines. »

Interview : Jérôme Aumont - Photo : Vincent Leroux

Olivier Wolecki : owinteriors.com